processus : entre construction et intuition.
Ma démarche créative s’élabore en strates, à l’image d’un projet architectural.
L’idée initiale naît souvent d’un mot, d’une abstraction, d’une image mentale fugace. Ces intuitions sont notées, conservées, parfois longtemps en attente — le temps qu’elles sédimentent, qu’elles trouvent leur forme et se traduisent en croquis.
Vient ensuite le dessin, puis la mise en géométrie : un passage de l’intuition au plan, matérialisé par un patron à l’échelle 1. Cette étape rigoureuse, rappelle celle du processus architectural. Elle prépare la phase de façonnage, où le geste s’autonomise presque de la réflexion, dans un mouvement de liberté.
Chaque pièce est construite à la plaque, dans un modelage lent et tactile, presque méditatif. Comme une maquette ou un édifice miniature, la sculpture prend forme par ajustements progressifs, dans une tension entre construction maîtrisée et liberté du geste. Le matériau, le grès, impose son rythme dans la mise en œuvre du plan. Il suggère, parfois résiste, et engage un dialogue.
J’aime le ressenti de la matière laissée brute, une façon de rendre lisible et préhensible la mémoire du geste, le matériau et ce que la Terre nous offre. Ce contraste — ou plutôt cet échange — entre formes architecturées et matière originelle, devient un espace d’expression.
L’émail, lorsqu’il est utilisé, agit comme une strate supplémentaire : il révèle, souligne, sans masquer. Sa part d’aléatoire introduit une incertitude assumée, une poésie de l’imprévu.
Mon travail prend corps dans la série.
Chaque pièce est autonome, mais pensée comme un fragment d’un tout. L’assemblage, la répétition, la variation deviennent un langage. Ce principe sériel me permet d’explorer un territoire formel, en jouant sur les échos, les écarts, les mutations.
©julialaposegourmande
©marie deshaye